Ce n'est assurément pas une bonne nouvelle. Les Français viennent d'apprendre qu'ils pourraient payer leur baguette quelques centimes plus cher et ils en conçoivent un mécontentement compréhensible.
Cette désagréable perspective est liée aux conditions climatiques qui ont affecté la production de blé. Dans notre France d'abondance alimentaire, on en viendrait presque à oublier les aléas auxquels sont soumis les agriculteurs qui nous nourrissent.
L'INSEE a publié ce mois-ci des statistiques sur le budget des ménages. Un quart de nos dépenses sont consacrées au logement, 15% aux transports, plus de 9% aux loisirs. Et moins de 14% à l'alimentation (hors alcool).
Il y a une cinquantaine d'années, les ménages français dépensaient seulement 7% de leur budget pour se loger et 4% pour leurs loisirs. La part prise alors par l'alimentation était de...42%! C'était à l'époque où le taux de couverture de nos échanges agro-alimentaires n'était que de 56%: notre pays ne produisait pas assez pour nourrir sa population.
Ce temps parait lointain. Mais nous devons toujours l'avoir à l'esprit. Rien n'est jamais définitivement acquis dans un monde où se dessinent de nouvelles contraintes (l'eau par exemple) et de nouveaux besoins(comme ceux constatés en Chine, entre autres).
La regrettable augmentation du prix du pain rappelle combien l'activité agricole est vitale pour nous tous.
En monnaie constante , combien dépensait un Français pour s'alimenter il y a une cinquantaine d'années et combien dépense-t-il actuellement? Pour s'acheter une baguette,quelle durée de travail devait y consacrer un salarié il y a cinquante ans par rapport à nos jours?
Rédigé par : Clément | 22 août 2006 à 19:31
Céréalier sur 300 ha dans le bassin parisien, je suis surpris d'entendre dire qu'une petite remontée des cours du blé soit responsable d'une hausse du prix du pain. J'ai vendu ma récolte 2005 de blé, au même prix qu'il y a 30 ans. Au milieu des années 1980, je vendais mon blé deux fois plus cher, personne ne se plaignait et le pain était beaucoup moins cher qu'aujourd'hui.
Les prix agricoles sont beaucoup trop faibles et déconnectés de la réalité de nos coûts de production. Il faudrait que le pix des céréales double pour que nous puissions à nouveau vivre de notre métier sans prime. Et si le prix des céréales doublait, de combien augmenterait le prix de la baguette ? ... seulement de 3 centimes d'euro. Au cours actuel du blé il n'y a que 4 % du prix du pain qui revienne au paysan. C'est moins que la TVA (5,5 %) et c'est loin d'être équitable.
Rédigé par : Dominique Lesueur | 23 août 2006 à 20:10