Ma campagne est belle, comme elle l'est encore dans bien des régions de France. Mais la quiétude qu'elle m'apporte a été troublée, au retour d'une promenade, par la lecture de quelques dossiers provenant, notamment, de la FAO (Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unies), l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques) et la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement). Entre autres.
Les experts et leurs rapports se contredisent parfois. Mais il y a des convergences qui dérangent.
Allons-nous vers une "explosion" de la demande alimentaire mondiale due, en grande partie, à la forte croissance de l'Asie? Une série d'exposés sur la situation et les prévisions chinoises m'a rendu perplexe.
C'est connu: la Chine est habitée par 22% de la population du monde mais ne possède que 7% des terres cultivables. Et elle connaît depuis un certain temps une expansion économique phénoménale. Elle perdrait de ce fait 1% de ses surfaces arables chaque année. Et elle ne dispose pas, sur l'ensemble de son territoire, de suffisamment d'eau.
Ce n'est pas tout: Zhou Shengxian, le ministre chinois de l'administration d'Etat pour la protection de l'environnement, estime que "12 millions de tonnes de grains (sur les 484 produits en 2005) sont pollués par des métaux lourds". Et selon le même ministère, 10 des 120 millions d'hectares de terres cultivables que possède la Cine sont pollués.
Dans les années qui viennent, les Chinois pourraient importer de plus en plus de céréales et de sucre. Les importations de sucre pourraient même être multipliées par deux et demi d'ici 2015.
Que vont devenir la production et la consommation agricoles? C'est une question cruciale pour la planète. Les incertitudes sont nombreuses. La FAO et l'OCDE indiquent que la réponse dépend "dans une large mesure de l'évolution de la situation économique au Brésil, en Chine et en Inde". Mais les deux organisations internationales prévoient aussi une hausse des importations dans les pays les moins avancés, cette cinquantaine de pays les plus pauvres pour lesquels la CNUCED recommande de renforcer la productivité agricole. Productivité: c'est pourtant un mot qui n'a pas toujours bonne presse.
Les incertitudes s'accentuent avec l'hypothèse de l'utilisation croissante de productions agricoles pour des usages non-alimentaires. L'Europe s'est fixée des objectifs en la matière. Le Brésil est déjà largement utilisateur de biocarburants. Les Etats-Unis semblent suivre le même chemin et dans quelques années les automobilistes américains pourraient ainsi absorber les excédents de maïs actuellement exportés.
Ce ne sont que des faits ou des prévisions. Ils ne peuvent laisser indifférent.
Comment se nourrira le monde demain? C'est une interrogation bien grave pour un été, même si le temps des vacances est également celui des moissons.
Je ferais peut-être mieux de me regarder le nombril et de ne m'intéresser qu'à ce qui se passe dans l'hexagone. Mais je ne peux oublier que ma campagne, où j'aime tant me promener et que je souhaite à tout prix préserver, est aussi porteuse d'enjeux stratégiques pour l'avenir du monde.
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